L’effet de la louange
Les éloges stimulent, donnent de l’assurance, renforcent la confiance, confirment ce que l’on fait et ce que l’on est, contribuent à une bonne ambiance et rendent heureux. Pour les personnes qui se découragent, cela peut les aider à se fixer à nouveau un bel objectif. Un mot d’encouragement nous signale que nous sommes sur la bonne voie. Il renforce et donne une orientation et une motivation supplémentaire pour la prochaine étape. En bref, être félicité signifie que l’on peut s’atteler à sa tâche avec une énergie nouvelle.
Tel est la conclusion de plusieurs études du professeur de psychologie Albert-Bandura (Stanford University/California): celui que l’on félicite se fixe des objectifs plus élevés, est plus motivé et se sent davantage engagé. Il existe même l’effet que la personne en question améliore ses performances. En Grande-Bretagne, ICM Research a mené une étude auprès de femmes âgées de 16 à 54 ans. Résultat: un éloge sincère déclenche un sentiment de bonheur. Les scientifiques ont observé ce qui se passait à ce moment-là: les vaisseaux capillaires du visage sont irrigués par des globules rouges. Le teint apparaît ainsi rose, signe de fraîcheur juvénile.
Les yeux brillent, les traits du visage se détendent. Le menton se relève, le front se lisse. Toute la posture du corps, y compris les épaules, se tend. Le visage est barré d’un beau sourire.
Eloge ou compliment
Quelle est la différence entre un compliment et un éloge? Ces deux termes désignent des formes de reconnaissance qui ne sont que trop rarement exprimées dans notre société. Les compliments sont faits pour des raisons précises. Les éloges engagent encore davantage et portent a priori sur le comportement et les performances de la personne concernée plutôt que sur son apparence. Vous pouvez par exemple facilement complimenter votre collègue de travail pour son nouveau costume, en disant par exemple: «Cette couleur vous va à merveille».
Les éloges, en revanche, traduisent votre appréciation des activités et des actions de votre collaborateur: «Ces derniers jours, j’ai apprécié à quel point vous vous êtes engagé dans la préparation du projet. Votre présentation me semble convaincante et je suis sûr qu’elle sera bien accueillie par le client».
Les éloges sérieux montrent à l’autre que vous êtes attentif à ce qu’il fait, à ses performances. Ce que vous lui dites, c’est tout simplement qu’il est important pour vous. J’observe attentivement, je fais attention aux détails et je me base surtout sur mes observations.
La louange renforce
A première vue, les louanges semblent être un sujet professionnel. «Les chefs allemands félicitent plutôt peu et râlent trop», écrit par exemple la Wirtschaftswoche. «Plus de la moitié des salariés ont l’impression que leurs performances ne sont pas appréciées par leur chef». Bien que nous connaissions depuis pas mal de temps la valeur des louanges, il faut souligner que celui qui ne félicite ses collaborateurs qu’avec des arrière-pensées sera vite démasqué et que l’effet escompté ne sera pas au rendez-vous.
Les compliments peuvent faire des miracles s’ils sont sincères, qu’ils viennent du coeur et ne sont pas calculés. De plus, les amis, les connaissances, les partenaires et les membres de la famille se réjouissent également d’entendre éloges et compliments.
Ne pas rendre la pareille
Mais voilà que vous pensez peut-être que «l’on ne me félicite pas non plus». Pourquoi devrais-je me creuser la tête pour savoir comment faire des compliments aux autres? Dites-vous que votre propre vie s’en trouvera également enrichie. En effet, en félicitant quelqu’un,vous ne faites pas seulement «du bien» à l’autre, mais avant tout à vous-même:
- «Les compliments provoquent toujours des échos». Autrement dit, on vous rendra la pareille tôt ou tard – et le plus souvent de manière positive.
Celui qui n’est pas avare de compliments trouvera tôt ou tard la réciproque. - «Il reste toujours un zeste de parfum sur la main qui vous offre des roses». C’est de la pure psychologie: lorsque vous vous exprimez de manière positive sur une autre personne, vos auditeurs auront tendance à vous attribuer également des belles qualités.
- Celui qui n’est pas avare d’éloges est aimé et apprécié. La soif de reconnaissance est si grande que chacun aime s’entourer de personnes capables de l’assouvir.
Vraie louange
Découvrir des actes louables est unechose, les exprimer en mots en est uneautre. Au point que nombreux sont ceux qui ne les trouvent pas. Et pourtant, ce ne sont pas les occasions qui manquent de faire l’éloge: des traits de caractère, des talents, des capacités, des connaissances, de la richesse d’idées, des performances et bien d’autres choses encore. Un véritable éloge se doit d’être joyeux suite à un succès ou à une performance particulière. Elle vient du ventre. Et ce sentiment, vous devriez le communiquer: «Vos idées sont excellentes – et votre proposition de nouveau logo a fait sensation!»
Parfois, un éloge non verbal est plus convaincant que tout un chapelet de mots. Tapez sur l’épaule de votre coéquipier en signe de reconnaissance, levez le pouce, trouvez votre façon personnelle d’exprimer vos louanges. Ce n’est que lorsque vous vous sentez bien dans votre peau que vous êtes authentique. Votre interlocuteur sent que votre appréciation n’est pas calculée, mais spontanée et sincère.
Fausse louange
Les encouragements basés sur le calcul n’ont en revanche pas d’effet. Si les louanges ne viennent pas du coeur, elles peuvent paraître peu crédibles, décevantes, voire démotivantes. Les fausses louanges viennent de la «tête». Elles poursuivent un but. Souvent, il s’agit d’une critique déguisée ou d’un manque de respect. «Voilà, c’est bien!» dénote de l’impatience. Et un «Pourquoi pas tout de suite comme ça?» sonne comme un reproche, ce que l’on veut sans doute laisser entendre. Et ce «Il suffit de vouloir pour que ça marche» sous-entend un manque d’engagement. Parler de la sorte est blessant. Ce n’est une façon de motiver une personne à fournir davantage de prestations, et encore moins des prestations de haut niveau.
Différence entre
reconnaissance et louange La reconnaissance est le préalable à la louange. Faites-en toujours preuve pour des prestations qui sont normalement bonnes, mais pas exceptionnelles. En règle générale, traitez votre entourage comme vous aimeriez être traité. Vous aussi, vous souhaitez parfois que votre «fonctionnement normal», vos «performances normales» soient appréciés au quotidien.
Faites-le sur une base régulière. La reconnaissance garde tout son effet, même si elle est utilisée fréquemment. En faisant des éloges, vous rendez hommage à des prestations exceptionnelles, les éloges sont la reconnaissance de prestations exceptionnelles et vont donc au-delà de la reconnaissance. Veillez à faire des compliments concrets, pertinents, au bon moment, bien dosés et bien formulés.
Dans notre société d’abondance, beaucoup de choses vont de soi et ne sont plus remises en question. Réalisez quand quelqu’un fait quelque chose en plus ou d’exceptionnel. Par exemple, si votre assistante fait des heures supplémentaires à votre demande ou si votre collaborateur fait un tour de qualité supplémentaire, donnez un feedback positif.
Les obstacles aux éloges
De nombreux supérieurs hiérarchiques ne félicitent pas leurs collaborateurs de peur qu’ils ne demandent une augmentation de salaire. Les compliments entre hommes semblent très difficiles. Par rivalité ou par peur d’être considérés comme efféminés, beaucoup évitent toute forme de reconnaissance envers leurs collègues du même sexe. Si vous craignez que vos mots ne paraissent trop émotifs, pensez à cette phrase de John Masefield (poète anglais, 1878–1967): «Peut-être qu’une fois tous les 100 ans, un homme est malheureux à cause des éloges, mais il est certain qu’à chaque minute, quelque chose de bon meurt par manque d’éloges».
Louez, sans hésitation!
Analysez votre propre comportement en matière de louanges. Faites-vous suffisamment d’éloges? Et si ce n’est pas le cas, qu’est-ce qui vous empêche d’accorder aux autres la reconnaissance et les louanges qu’ils méritent? Aiguisez votre perception des bonnes qualités de votre entourage. Entraînez votre sens de l’observation: qu’est-ce qui vous frappe positivement chez votre interlocuteur? Quels sont les comportements qui méritent que vous leur témoigniez votre reconnaissance ou que vous les complimentiez concrètement?
Evitez une attitude qui privilégie la «recherche de défauts» et optez pour la «recherche de louanges». Celui qui cherche le bien le trouvera. Les gens font beaucoup plus de choses bien que de choses mal. Il est particulièrement important que vous fassiez attention aux personnes silencieuses et discrètes qui ne se vantent pas de leurs performances. Recherchez activement le positif et faites davantage d’éloges.
Pour le destinataire, un compliment est un feedback positif qui est fait à une occasion précise. Il est important de le savoir: ce qui n’est qu’un bref feedback pour vous peut occuper l’autre pendant longtemps!
Une louange est une louange
Féliciter correctement est un petit art. Pour le maîtriser pleinement, il faut également respecter le principe suivant: ne pas associer louanges et critiques. N’associez pas un éloge à une critique, comme le dit la devise: d’abord l’éloge, ensuite le blâme. Cela ne fait que semer la confusion: cela neutralise le compliment et l’effet positif est perdu.
Une forme de critique répandue chez de nombreuses personnes est la «méthode sandwich». Elle consiste à placer la critique entre des mots de reconnaissance et d’éloge, comme la garniture entre les deux tranches d’un sandwich. Le négatif est ainsi plus facile à formuler pour celui qui critique et plus facile à supporter pour celui qui en est l’objet.
Ce qui semble à première vue être une manoeuvre intelligente présente cependant un gros inconvénient: l’autre ne pourra pas vraiment se réjouir de l’éloge puisqu’il craindra toujours à l’avenir un fatidique: «C’était super, mais ...».
Louer sans arrière-pensée
«C’était super! La prochaine fois, pensez aux stylos de rechange ...». Ici aussi, le petit ajout diminue l’effet de la louange. Il n’est pas étonnant que la personne concernée se sente comme un petit enfant et commence à se justifier. Un compliment n’aura son plein effet que si vous le pensez sincèrement. C’est pourquoiil ne devrait jamais être assorti d’une condition, même pas conformément à la règle qui stipule qu’il faut d’abord des compliments, puis une montagne de travail à partager («Personne ne peut faire cela aussi bien que vous!»). Vos collaborateurs apprennent rapidement à interpréter l’intention qui se cache derrière («Il dit cela uniquement parce qu’il veut quelque chose de moi»).
Méfiez-vous également des compliments limités tels que: «Vous avez plutôt bien fait» ou «C’était en fait assez correct» ou «Ce n’était pas mal du tout». De telles louanges ont un goûtamer et n’ont pas d’effet.
Sans si, ni mais
Mais surtout, méfiez-vous des compliments dévalorisants, qui sont un nonévénement absolu, comme: «C’est très bien maintenant, avant vous étiez un raté!» ou: «C’est du bon travail! Mais la prochaine fois, vous devriez essayer ...». Souvent, ce n’est même pas méchant, mais seulement maladroit; vous pouvez être gêné de faire des compliments. Peu importe: le coup se retourne contre vous!
Le ton fait la musique
C’est le ton qui fait la musique – même pour les félicitations. Choisissez donc des formules qui sont entièrement positives. Laissez l’éloge isolé. Formulez votre «mais ...» critique à un autre moment. Les remarques typiques telles que: «Ce n’était pas mal ...», «Tout à fait correct» ou «Mieux que la dernière fois» ne sont pas des louanges, mais des phrases tièdes auxquelles il vaut mieux renoncer.